Trois besoins fondamentaux auxquels répondre pour être satisfait de son emploi

Paru le 20 février 2020

Par Nicole Arifoulline, étudiante à la maitrise en orientation, Université de Sherbrooke et Francis Milot-Lapointe, Ph. D., c.o., professeur en counseling de carrière individuel à l’Université de Sherbrooke

Le travail occupe une place importante dans la vie d’un grand nombre de personnes. En effet, le travail constitue une valeur centrale dans la vie de plusieurs personnes adultes [2] et plusieurs d’entre elles consacrent un grand nombre d’heures à cette activité [3]. Compte tenu de ces faits, être satisfait de son emploi apparait nécessaire pour vivre du bonheur [4].
 
S’appuyant sur les recherches scientifiques conduites sur la théorie de l’autodétermination [1], cette chronique propose que la satisfaction de trois besoins fondamentaux permette aux personnes adultes de vivre davantage de satisfaction en emploi. Ces trois besoins fondamentaux sont considérés comme étant universels (retrouvés dans toutes les cultures) [5] :

 
Le besoin d’autonomie 

Ce besoin réfère au désir d’être autonome et libre dans ses comportements plutôt que contrôlé par des sources extérieures.
 

Le besoin de compétence

Celui-ci est défini comme le désir de se développer, d’utiliser ses compétences dans des tâches variées et de relever des défis. Ce besoin réfère à l’efficacité et au sentiment de confiance en soi dans l’action.

 
Le besoin de proximité sociale

Ce besoin indique le désir d’être en relation avec les gens et d’appartenir à un groupe que l’on juge important pour nous.

 
Des résultats de recherche significatifs

Une recension des écrits scientifiques publiés entre 2000 et 2020 a permis de constater que 43 recherches ont étudié l’association entre la satisfaction en emploi et les concepts de la théorie de l’autodétermination. De ce nombre, 6 recherches se sont intéressées à la satisfaction en emploi sur une période de quelques jours à plusieurs semaines. Dans l’ensemble, les résultats de ces recherches (Unanue et al. [6], Smith et al. [7], Huyghebaert et al. [8], Dahling et Lauricella [9] et Bakker et Oerlemans [10]) confirment qu’être satisfait de son emploi serait en grande proportion (entre 26 et 53 %) attribuable au fait que cet emploi répond aux besoins d’autonomie, de compétence et de proximité sociale de la personne. Ce résultat est observé chez différents groupes de travailleuses et travailleurs.

 
En résumé, tentez de vous sentir - au moins - compétent!

Ces résultats montrent l’importance de s’attarder à la satisfaction de ces trois besoins fondamentaux pour être satisfait de son emploi. Il apparait donc important de choisir un emploi qui permet de répondre à nos besoins d’autonomie, de compétence et de proximité sociale afin d’en être pleinement satisfait. Considérant qu’il n’est parfois pas possible qu’un emploi réponde à tous nos besoins, les résultats de recherche [11] indiquent que le besoin de compétence serait le besoin à prioriser pour être satisfait de son emploi suivi par les besoins d’autonomie et de proximité sociale.
 
Si vous éprouvez de l’insatisfaction dans votre emploi et que vous avez l’impression que ces trois besoins fondamentaux ne sont pas totalement satisfaits dans les tâches que vous effectuez au travail, vous pouvez consulter un conseiller d’orientation œuvrant pour un service public ou en pratique privée. Il pourra ainsi vous aider à trouver un emploi dans lequel vous serez en mesure de satisfaire vos besoins importants.
 

Références bibliographiques :

[1] Deci, E. L. et Ryan, R. M. (1985). Intrinsic motivation and self-determination in human behavior. New York, NY: Plenum Press.
[2] Mercure, D., Vultur, M. et Fleury, C. (2012). Valeurs et attitudes des jeunes travailleurs à l’égard du travail au Québec : une analyse intergénérationnelle. Relations Industrielles / Industrial Relations, 67(2), 177–198.
[3] Gouvernement du Québec. (2019). Travail et rémunération. État du marché du travail au Québec : Bilan de l’année 2018. Québec, Canada : Institut de la statistique du Québec. Repéré à http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/travail-remuneration/bulletins/etat-marche-travail-2018.pdf
[4] Sharf, R. S. (2010). Applying career development theory to counseling (5e éd.). Belmont, CA: Brooks/Cole Cengage Learning. (Ouvrage original publié en 1992)
[5] Sarrazin, P., Pelletier, L., Deci, E. et Ryan, R. (2011). Nourrir une motivation autonome et des conséquences positives dans différents milieux de vie : Les apports de la théorie de l’autodétermination. Dans C. Martin-Krumm, C. Tarquinio, J. Lecomte et C. Boiron (dir.), Traité de psychologie positive (p. 273-312). Louvain-la-Neuve, Belgique : De Boeck. 
[6] Unanue, W., Gomez, M. E., Cortez, D., Ovanedel, J. C. et Mendiburo-Seguel, A. (2017). Revisiting the link between job satisfaction and life satisfaction: The role of basic psychological needs. Frontiers in Psychology, 8.
[7] Smith, J. L., Handley, I. M., Rushing, S., Belou, R., Shanahan, E. A., Skewes, M. C., … Intemann, K. (2018). Added benefits: How supporting women faculty in STEM improves everyone’s job satisfaction. Journal of Diversity in Higher Education, 11(4), 502–517.
[8] Huyghebaert, T., Gillet, N., Fernet, C., Lahiani, F.-J., Chevalier, S. et Fouquereau, E. (2018). Investigating the longitudinal effects of surface acting on managers’ functioning through psychological needs. Journal of Occupational Health Psychology, 23(2), 207–222.
[9] Dahling, J. J. et Lauricella, T. K. (2017). Linking job design to subjective career success: A test of self-determination theory. Journal of Career Assessment, 25(3), 371–388.
[10] Bakker, A. B. et Oerlemans, W. G. M. (2016). Momentary work happiness as a function of enduring burnout and work engagement. The Journal of Psychology: Interdisciplinary and Applied, 150(6), 755–778.
 [11] Gillet, N., Le Gouge, A., Pierre, R., Bongro, J., Méplaux, V., Brunault, P., … Cheyroux, P. (2019). Managerial style and well‐being among psychiatric nurses: A prospective study. Journal of Psychiatric & Mental Health Nursing (John Wiley & Sons, Inc.), 26(7/8), 265–273.