TDAH au travail : savoir tirer profit de ses différences

Paru le 12 novembre 2019

 
Par Vincent Arseneault, étudiant à la maitrise en orientation professionnelle à l’Université de Sherbrooke et Julie-Christine Cotton, Ph. D., professeure adjointe au département d’orientation professionnelle, Université de Sherbrooke
 
Se conformer aux contraintes d’un travail peut être exigeant pour tout le monde. Respecter les échéanciers, gérer la pression et entretenir de bonnes relations avec ses collègues font partie du lot quotidien de plusieurs travailleurs et travailleuses. Or, que se passe-t-il quand la partie du cerveau responsable de la planification, de la mémoire à court terme et de l’autocontrôle fonctionne différemment de la majorité de la population?
 
Au-delà d’une difficulté à se concentrer, les adultes ayant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont plusieurs caractéristiques, positives comme négatives, qui peuvent influencer leur fonctionnement au travail. Ce texte présente les principales caractéristiques des adultes vivant avec ce trouble et différentes façons de les considérer en contexte de travail.
 
Le TDAH toucherait environ 6 % des adultes en Amérique du Nord (Vitola et al., 2017). Bien que surtout présent à l’enfance, le trouble persiste à l’âge adulte dans environ 50 % des cas (APA, 2013). Trois profils se distinguent à l’intérieur du diagnostic. Le profil Inattention se caractérise par une sensibilité aux distractions, une difficulté à s’organiser ainsi que par des oublis fréquents. Le profil Hyperactivité et impulsivité présente un grand débit de parole, une difficulté à rester immobile ainsi qu’à respecter les tours de parole. Le profil mixte combine les difficultés des deux profils précédents (APA, 2013).
 
L’attribution des fonctions et des tâches dans un milieu de travail revêt une grande importance pour les personnes ayant un TDAH. En effet, des recherches laissent croire que leur attention serait grandement favorisée lorsque les tâches à effectuer sont liées à leurs champs d’intérêt et à leurs aptitudes (Burkley et Benton, 2010). Le TDAH peut même générer chez ces personnes un engagement passionné envers un objet d’intérêt ou un projet. Elles auront ainsi davantage tendance à faire preuve de persistance, de résilience et de persévérance face aux défis rencontrés, permettant même de contrebalancer les déficits en attention (Dumoulin, 2016). L’hyperactivité peut ainsi servir de ressource lorsqu’elle est orientée vers une activité passionnante, donnant alors accès à un grand réservoir d’énergie (Nadeau, 2016). Les personnes ayant un TDAH peuvent aussi avoir une grande créativité leur permettant de facilement résoudre des problèmes rencontrés au travail et d’expérimenter de nouvelles façons de faire pouvant servir l’ensemble de leur équipe. De plus, l’impulsivité inhérente au TDAH peut être vécue comme une force lorsqu’elle pousse une personne à s’ouvrir à de nouvelles expériences ou encore à réagir rapidement et sans préparation dans de nouvelles situations (Dumoulin, 2016).
 
Finalement, plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour pallier les difficultés. Mis à part la médication, des techniques de planification, d’organisation et de gestion de l’hyperactivité/impulsivité peuvent être enseignées (Barkley et Benton, 2010). Les conseillers et conseillères d’orientation sont des spécialistes qui peuvent aider une personne qui a un TDAH à identifier les principales forces et limitations liées à son trouble et trouver un emploi qui correspond à ses caractéristiques. Ils peuvent également aider à développer des stratégies pour conjuguer les contraintes du TDAH avec celles de son emploi. Il est possible de trouver une personne conseillère en d’orientation au https://www.orientation.qc.ca/.
 

Références

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental
disorders DSM-5 (5th ed.). Washington, DC: American Psychiatric Publishing.
 
Barkley, R A. et Benton, C. M. (2010). Taking charge of adult ADHD. New York: The
Guildford Press.
 
Dumoulin, M. (2016). Rôles des caractéristiques personnelles d’adultes ayant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) au sein de leur parcours professionnel (Mémoire accepté). Repéré à https://archipel.uqam.ca/11082/
 
Nadeau, K. G. (2016). The ADHD guide to career success: harness your strengths, manage your challenges. Routledge.
 
Vitola, E., Bau, C., Salum, G., Horta, B., Quevedo, L., Barros, F., . . . Grevet, E. (2017). Exploring DSM-5 ADHD criteria beyond young adulthood: Phenomenology, psychometric properties and prevalence in a large three-decade birth cohort. Psychological Medicine, 47(4), 744-754. doi:10.1017/S0033291716002853