Interroger son bien-être : une question de congruence engagée!

Paru le 24 mars 2016

 
S’engager de manière congruente envers soi-même, c’est-à-dire mener sa vie en fonction des besoins et des valeurs qui nous apparaissent foncièrement les nôtres, voilà le défi auquel nous sommes tous confrontés quotidiennement afin de mener une vie agréable, au travail comme ailleurs. Plutôt qu’une recette de comportements à adopter, cette chronique a pour but de vous sensibiliser, de vous questionner et, au besoin, de vous permettre d’entrevoir des moyens d’agir dans votre rapport aux autres, au travail.
 
Les organisations d’aujourd’hui sont engagées dans une spirale ascendante, obsessive pour plusieurs, de performance et d’efficacité. À travers ces besoins s’affirme un discours selon lequel les travailleurs et futurs travailleurs doivent adopter des comportements, des attitudes, des valeurs et des buts conformes à ceux du marché. Cela vaut pour se qualifier pour l’obtention d’un emploi, pour des occasions d’avancement et pour s’intégrer socialement, voire pour s’assurer d’un certain niveau de vie, à la fois pour nous-mêmes et pour notre famille. Subtilement, mais concrètement, il devient très facile de laisser son identité fusionner à celle de son travail.
 
Avant d’aller plus loin :
  • À quel point êtes-vous satisfait de votre mode de vie?
  • À quel point êtes-vous satisfait de votre occupation principale?
  • À quel point êtes-vous satisfait de votre équilibre de vie au travail?
Ce sont là trois questions qu’a adressées Nirenberg (2013) dans le cadre d’une conférence sur le bonheur national brut tenu au Bhoutan. Et si pour répondre à ces questions vous deviez leur attribuer une valeur allant de 0 à 10, concluriez-vous que la relation entre vous et votre travail est congruente? Une revue de la littérature produite Nanjundeswaraswamy et Swamy (2013) a permis de dégager les facteurs les plus couramment cités comme entraves ou contributions à la qualité de vie au travail.   
 
Facteurs entravant la qualité de vie au travail : le harcèlement de supérieurs, une charge de travail supérieure à sa capacité de production de qualité, un déséquilibre de disponibilité entre la famille et le travail, l’absence de participation aux décisions d’entreprise, l’isolement, le manque de reconnaissance, des relations difficiles avec les pairs et les supérieurs, des conflits de rôles et le manque d’opportunités liées au développement de nouvelles habiletés.
 
Facteurs contribuant à la qualité de vie au travail : un salaire équitable, l’autonomie d’action, la sécurité d’emploi, un système de récompense à la performance, des opportunités de formation et d’avancement, la participation aux décisions de l’entreprise, des tâches de travail intéressantes et satisfaisantes pour soi, la confiance en un gestionnaire sénior, la reconnaissance de ses efforts, des standards formels de santé et de sécurité au travail, un équilibre entre le temps passé au travail versus celui dans la famille et les autres sphères de vie personnelle, une charge de travail assez élevée pour être complétée et une faible expérience de stress.
 
  • Quels sont les facteurs d’entraves et de contributions les plus présents dans votre vie actuelle au travail?
  • À quel point sont-ils souffrants ou nourrissants pour vous? À quel point contribuent-ils à une meilleure (ou une pire) santé au travail?
Pour aller plus loin dans ce type de questionnement, Buckingham et Coffman (1999) ont développé un questionnaire de 12 questions, réparti sur quatre niveaux, sur l’engagement des employés dans leur milieu de travail. Ils s’inspirent de l’analogie de camps d’escalade de hauts sommets.  
 

Camp de base : Qu’est-ce que j’en retire? (2 questions)

  • Est-ce que je sais clairement ce que l’on attend de moi dans ce milieu de travail?
  • Est-ce que je possède le matériel et l’équipement dont j’ai besoin pour bien faire mon travail?

 

Camp 1 : Qu’est-ce que j’apporte? (4 questions)

  • Au travail, est-ce que j’ai l’opportunité de faire chaque jour ce que je fais de mieux?
  • Au cours des sept derniers jours, est-ce que j’ai reçu des marques de reconnaissance et d’encouragement lorsque j’ai fait du bon travail?
  • Est-ce que mon supérieur ou quelqu’un au travail semble s’intéresser à moi en tant que personne?
  • Est-ce que quelqu’un au travail valorise et encourage mon développement?
 

Camp 2 : Qu’est-ce que je fais ici? (4 questions)

  • Au travail, est-ce que mes opinions sont prises en compte?
  • Est-ce que la mission et les objectifs de l’organisation laissent ressentir que mon travail est important?
  • Est-ce que mes collègues sont engagés dans une production de qualité?
  • Est-ce que j’ai de bons amis au travail?
 

Camp 3 : Comment pouvons-nous (moi et l’organisation) nous développer ensemble? (2 questions)

  • Au cours des six derniers mois, est-ce que quelqu’un m’a parlé de mes progrès?
  • Au cours de la dernière année, est-ce que j’ai eu des opportunités pour apprendre et me perfectionner professionnellement?
 
Maintenant que vous avez gravi ces questions…
  • Jugez-vous être rendu au sommet dans votre vie?
  • Devriez-vous réfléchir seul ou avec d’autres (amis, ressources professionnelles, supérieurs, etc.) sur la pertinence de vous maintenir sur cette montagne?
  • Pensez-vous à changer de destination d’escalade professionnelle?
 
Références

Buckingham, M., & Coffman, C. (1999). First, break all the rules: What the world’s greatest managers do differently. New York, NY : Simon and Schuster.

Nanjundeswaraswamy, T. S., & Swamy, D. R. (2013). Review of Literature on Quality of Work life. International Journal for Quality Research, 7(2), 201-214.

Nirenberg, J. (2013). Aspects of Well-Being at Work. Communication presented for the International Conference on Gross National Happiness on GNH, Paro, Bhutan, November 4th.  

 
Suivez Louis Cournoyer sur le blogue Orientation pour tous