Quand mon enfant veut prendre une pause

Paru le 16 août 2019

 
Par Claudia Grenier, conseillère d'orientation chez Trajectoire-emploi
 
Pendant les vacances d’été, l’implacable routine s’est arrêtée pour un délai de grâce! Vous vous apprêtiez à soupirer d’aise quand votre enfant vous annonce qu’il veut prendre une pause de ses études secondaires ou collégiales parce qu’il ne sait pas trop où s’en aller.
 

Oups, ce n’était pas dans vos plans ni dans vos attentes. Évidemment, si votre enfant a 14 ans, considérez son projet avorté : la loi est de votre côté. Dans cette situation, une discussion sur ses motivations s’impose, mais il n’aura pas vraiment le choix de poursuivre ses études jusqu’à 16 ans. Par contre, à 16, 17 ou 18 ans, votre ado a tout le pouvoir de quitter les bancs d’école. La discussion doit alors prendre un autre chemin.

 
Discussion-confrontation : « Ben voyons donc, t’as pas de métier, tu vas avoir un salaire de crève-faim toute ta vie, pis si tu décroches maintenant, tu ne voudras plus retourner à l’école, regarde JoBlo comment il a fini! C’est pas vrai que mon enfant va lâcher de même », etc. À part projeter vos propres peurs sur votre enfant qui vit déjà dans l’insécurité, ce type de discours ne sert pas à grand-chose. Votre enfant vous envoie un message, sachez le capter.
 
Discussion-clarification : D’où vient cette idée d’arrêter les études? Elle n’est sans doute pas arrivée dans la tête de votre enfant pour rien. Sait-il où il s’en va dans la vie? Probablement pas s’il souhaite arrêter son cheminement. Et étudier à 17 ans quand on ne sait pas où on s’en va, c’est très risqué pour la motivation et la réussite. D’ailleurs, il y a de fortes chances que son dernier relevé de notes vous le démontre. Une chose importante à savoir est que ses notes, à partir de la quatrième secondaire, auront un impact sur ses choix scolaires pour le reste de ses jours. Une année d’échec(s) à 17 ans pour un jeune sans motivation mettra un frein à son retour aux études à 23 ans, alors qu’il sera devenu un adulte très motivé. Oui, c’est une aberration du système scolaire, mais pour l’instant, il faut faire avec. Donc, à quoi cela servira-t-il de poursuivre des études qui le démotivent et qui risquent d’amener l’étudiant vers des échecs et une perte de confiance en son potentiel? Je ne veux surtout pas que vous pensiez que je prône le décrochage scolaire! C’est plutôt la diversité des options pour assurer un développement optimal des compétences des jeunes que je préconise.
 
Discussion-ouverture : Maintenant que le choc est passé, nous en sommes à l’option envisageable : « Vers quoi on s’en va? » Qu’est-ce que votre enfant souhaite faire de son temps, s’il n’est plus aux études? Ici, je vous suggère l’angle d’approche qui rend cette période rentable sur le plan de l’orientation et du développement des compétences de votre enfant. S’il réside chez vous, vous avez quand même la possibilité d’exiger de lui certaines actions. Vous serez d’accord que de ne rien faire à répétition n’est pas une option valable dans le développement des compétences. Est-ce qu’il souhaite travailler? Oui? Parfait. Alors des démarches de recherche d’emploi à temps plein s’imposent. Et sachez que des ressources existent. Les carrefours jeunesse-emploi (CJE) sont là pour ça (à Lévis, les CJE se retrouvent chez Trajectoire-emploi). Ces organismes ont même des programmes d’aide à la mise en action. Ou peut-être que votre enfant a les moyens de voyager pendant quelques semaines ou mois? Quelles compétences cela permet-il de développer? De nombreuses! À commencer par la débrouillardise et l’audace. Et quelles activités peut-il faire en voyage pour stimuler ses intérêts et ses aptitudes? Ou alors peut-être qu’il aimerait s’occuper en faisant du bénévolat? Même chose : ces activités lui offrent de nombreuses opportunités d’apprentissage, entre autres par l’interaction avec les gens. On appelle ça l’école de la vie!
 
Discussion-fil conducteur : Je crois sincèrement que l’obtention d’un diplôme qualifiant est un facteur très important pour l’intégration professionnelle réussie d’une personne. Tout comme je crois que les chemins pour l’atteindre sont multiples. Ainsi, tout au long de vos discussions avec votre enfant, gardez tous les deux votre attention sur la façon dont son cheminement hors études lui permettra de revenir à l’école avec un objectif clair, bâti sur des expériences, des compétences et des intérêts que votre enfant aura développés au fil de ces mois d’arrêt. En lui faisant confiance et en l’encourageant dans ses découvertes, les chances sont bien présentes qu’il revienne sur les bancs d’école, cette fois motivé et prêt à réussir.