Prendre une pause des études postsecondaires : Un piège ou une solution pour un étudiant ayant un trouble d’apprentissage ou de santé mentale?

Paru le 16 mai 2017

 
Par Émilie Robert, conseillère d’orientation au Collège Montmorency et auteure
 
L’été approche et les étudiants des collèges et des universités ont terminé leur session. Certains étudiants ayant un trouble d’apprentissage ou de santé mentale seront possiblement confrontés au constat d’échec dans quelques cours. D’autres, ayant réussi leurs cours, ne sentiront pas la force de poursuivre à la session suivante. Simple découragement passager ou signe qu’il y a un problème? La solution n’est pas évidente. Certains de ces étudiants souhaiteront quitter les études de façon temporaire ou définitive. Est-ce la bonne décision?
 

En parler à un professionnel de l’orientation

Avant de conclure qu’il faut interrompre ses études, l’étudiant ayant un trouble d’apprentissage ou de santé mentale devrait consulter un conseiller d’orientation. Il est important de comprendre ce qui entrave sa réussite ou son plaisir à étudier. Peut-être que le jeune n’est pas dans le bon programme d’études? Peut-être est-ce un problème de médication, un manque de suivi psychologique ou de mauvaises stratégies d’études? Si c’est le cas, le conseiller d’orientation pourra entreprendre une démarche d’orientation et le référer aux bons spécialistes si le besoin de l’étudiant dépasse le cadre de ses compétences.
 
Une fois cette étape franchie, il se peut que l’issue de la démarche démontre que le jeune a besoin de prendre un recul des études. Chez les étudiants ayant un trouble d’apprentissage, il arrive qu’une accumulation d’échecs et de frustrations et un affaiblissement de l’estime de soi nuisent à la motivation. S’engager dans de nouvelles activités peut être une façon de regagner son estime de soi et de mieux identifier un programme d’études et une profession qui lui conviennent. Dans le cas d’un trouble de santé mentale, c’est plus souvent un besoin de repos qui s’impose. Des crises, des rechutes, ou simplement les effets indésirables de la médication peuvent rendre la concentration et l’apprentissage très pénibles. Une période de pause peut être salutaire pour reprendre des forces.
 

Se doter d’un projet enrichissant durant la période de pause

Quitter le monde scolaire sans avoir de projet clair risque de ne pas apporter les effets bénéfiques attendus. Rester chez soi ou faire des activités solitaires, comme jouer à des jeux vidéos, n’amènera pas le jeune à vivre des expériences qui amélioreront son estime de soi. Pour qu’une pause soit profitable, le jeune doit avoir un projet composé d’activités concrètes. Le professionnel de l’orientation pourra l’accompagner dans l’élaboration de ce projet. Il peut s’agir d’un voyage, d’une immersion linguistique, de se trouver du travail ou de faire du bénévolat. Le jeune peut aussi décider d’essayer le travail autonome, s’il a de bonnes idées, du talent (par ex. : photographie, design de sites Web, illustrations, etc.) et un bon sens de l’organisation.
 

Planifier le retour, avant même d’avoir quitté

Peu importe la nature du projet dans lequel le jeune s’engagera, il est important qu’il parle à son conseiller d’orientation d’un éventuel retour aux études. Avant même de quitter l’établissement d’enseignement, l’étudiant devrait avoir un plan de retour. Il devrait s’informer des périodes et des conditions d’admission dans le programme qui l’intéresse, des dates limites pour s’inscrire et du contingentement. À moins que le départ ne soit recommandé par un médecin, l’inscription de l’étudiant ne sera pas maintenue. Il devra déposer une demande d’admission pour réintégrer le programme qu’il a quitté. Si son dossier scolaire est plus faible que lorsqu’il est entré dans le programme, il pourrait y être refusé. Le conseiller pourra guider l’étudiant dans ses choix et dans ses démarches pour s’assurer d’un retour réussi.
 

Et s’il prend gout à ne plus être aux études?

La majorité des étudiants qui envisagent une session de pause s’inquiètent de ne plus jamais vouloir revenir aux études. Une faible proportion de ces jeunes peuvent voir très peu de bénéfices personnels à étudier, et trouver qu’un métier non spécialisé est plus adéquat pour leur équilibre psychologique. Même si ce phénomène est plus fréquent chez les jeunes ayant un trouble de santé mentale, il demeure rare.
 
Lorsque l’étudiant sait pour quelles raisons il quitte les études, pour combien de temps et comment il compte y revenir, il y a de fortes chances que le moment venu, il ait très hâte d’y retourner. Cette période de pause a justement son utilité : prendre un recul pour mieux diriger ses ambitions professionnelles. C’est toute la préparation et le plan d’action de l’étudiant qui lui servira de repères. Une fois l’énergie retrouvée, il aura envie d’être assis dans une salle de classe et d’apprendre ce qui lui sera utile à l’exercice de son futur métier!