Les personnes en situation de handicap dans le monde du travail : Mythes et réalités

Paru le 30 mai 2016

Par Marilyn Desmarais, agente de projet d’aide générale en entreprise chez Orientation/Travail, Sherbrooke
 
Pensez-vous que les personnes handicapées peuvent travailler? Ces personnes sont-elles en mesure d’exercer n’importe quel type d’emploi? Avez-vous déjà travaillé avec une personne handicapée, ou demandé un renseignement à un employé handicapé dans un magasin? Les employeurs devraient-ils tous embaucher des personnes handicapées? Croyez-vous que ces personnes peuvent apporter une contribution tangible au sein de la société? Sont-elles encore victimes de préjugés dans le monde du travail? Quelle que soit votre réponse à chacune de ces questions, nous vous invitons à lire le texte qui suit.
 
Selon Statistiques Canada, « Environ 3,8 millions de Canadiens adultes ont déclaré être limités dans leurs activités quotidiennes à cause d’une incapacité en 2012, soit 13,7 % de la population adulte » (p. 3)[1]. D’après cette même source de renseignements, la proportion de personnes ayant déclaré une incapacité augmente en fonction de l’âge, passant de 4,4 % pour les jeunes de 15 à 24 ans à 42,5 % chez les personnes de 75 ans et plus. Aussi, dans ce document, les principaux types d’incapacité sont liés à la douleur, à la mobilité et à la flexibilité. D’autres limitations se rapportent à la dextérité, à l’ouïe et à la vision, ou encore aux troubles mentaux, d’apprentissage et de développement.
 
Dans le rapport Vers l’intégration en emploi des personnes handicapées[2], il est clairement indiqué que les adultes handicapés ont moins de probabilités de faire partie du marché du travail. Pourtant, le sens commun suggère qu’il peut y avoir plusieurs avantages pour une entreprise à embaucher une personne handicapée : réduire les effets de la future pénurie de main-d’œuvre, rehausser la réputation de l’organisation et être plus représentative des marchés desservis. De même, comme ces personnes sont majoritairement très motivées à intégrer un travail, elles sont souvent décrites comme très loyales, fidèles et assidues. Elles s’avèrent aussi consciencieuses, soucieuses du détail et fières du poste qu’elles occupent. Plusieurs employeurs partagent en plus l’idée que les employés ayant un handicap ont un excellent savoir-être (ex. : attitudes, motivation, respect des autres, etc.).
 

Des mythes à débusquer

Bien que nous soyons en 2016 et que nous prétendons être de plus en plus ouverts aux différences individuelles, plusieurs mythes et croyances persistent toujours à l’égard des personnes en situation de handicap. En voici quelques-uns :
 
1. « Les employés handicapés sont moins productifs », « Ils ne se maintiennent pas en emploi », « La majorité d’entre eux ont un rendement inférieur à leurs collègues de travail » ou encore « Ils manquent d’assiduité au travail ». Même si elles sont sous-représentées au sein des entreprises, les personnes ayant un handicap peuvent être une solution aux problèmes de recrutement des employeurs.   
 
2. « Il n’est pas rentable d’embaucher des personnes handicapées car il faut dépenser des sommes considérables pour adapter leur poste de travail et leur environnement ». Bonne nouvelle : plusieurs aménagements et accommodations peuvent se faire à peu de frais, voire sans cout supplémentaire. Parfois, il suffit seulement d’ajuster l’équipement utilisé ou de modifier l’horaire de travail.
 
3. « Les employés handicapés sont plus difficiles à superviser et ils risquent d’avoir davantage d’accidents de travail ». Comme dans le cas des autres employés, ces risques peuvent être contrôlés si des mesures de prévention sont mises en place (ex. : formation ou soutien en matière de santé et de sécurité au travail) et que les limites de la personne en situation de handicap sont respectées. D’ailleurs, plusieurs études[3] révèlent que les personnes en situation de handicap subissent moins de blessures invalidantes, qu’elles sont soucieuses des règles de sécurité et qu’elles ont une influence positive sur leurs collègues et sur l’ambiance de travail.
 
4. « Les personnes handicapées sont sous-scolarisées ». Faux! La majorité des employés handicapés détiennent un diplôme d’études secondaires, et un bon nombre poursuivent des études postsecondaires[4].
 
Bref, de nombreux mythes et autres formes de stéréotypes subsistent au sujet des personnes en situation de handicap sur le marché du travail. Somme toute, ces individus demeurent un atout considérable pour une entreprise et pour l’ensemble de ses employés. D'ailleurs, la plupart des employeurs mentionnent être satisfaits d’avoir embauché une personne handicapée. Ils observent que les équipes diversifiées et hétérogènes sont plus créatives et innovatrices[5]. Par ailleurs, il arrive occasionnellement que certains employeurs ne soient même pas au courant du handicap de leurs employés, car leur limitation n’est pas toujours apparente. De toute évidence, l’embauche d’une personne en situation de handicap s’avère une expérience enrichissante pour une entreprise qui prône une saine diversité.
 

Des ressources pour tout le monde

Il existe diverses ressources d’aide et d’accompagnement, tant au niveau des employés handicapés que des employeurs désireux de les embaucher. Pour connaitre les organismes spécialisés dans ce domaine, consultez le site Internet du Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées (ROSEPH), les références concernant les personnes en situation de handicap énumérées dans cette chronique ainsi que le livre Pour une plus grande inclusion : l’intégration des personnes handicapées en milieu de travail.
 
[1] Statistique Canada (2013). L’incapacité au Canada : premiers résultats de l’Enquête canadienne sur l’incapacité. Ottawa : Division de la statistique sociale et autochtone, Gouvernement du Canada. <http://www.statcan.gc.ca/pub/89-654-x/89-654-x2013002-fra.pdf>.
[2] Ressources humaines et Développement des compétences Canada (2009). Vers l’intégration des personnes handicapées. Ottawa : Service des publications, Gouvernement du Canada. <http://publications.gc.ca/collections/collection_2009/rhdcc-hrsdc/HS61-1-2009F.pdf>.
[3] Voir à ce sujet les différents documents publiés par l’Office des personnes handicapées du Québec, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et le Gouvernement du Canada.
[4] Voir à ce sujet les différents documents publiés par l’Office des personnes handicapées du Québec, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et le Gouvernement du Canada.
[5] Voir à ce sujet les différents documents publiés par l’Office des personnes handicapées du Québec, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et le Gouvernement du Canada.