Comment s’orienter sans savoir de quoi sera fait le monde du travail de demain?

Paru le 14 mai 2021

Par Catherine Carbonneau-Bergeron, conseillère d’orientation  
 
Producteur d’aliments à base d’insectes, fabricant de membres humains, manipulateur de climat, coach d’avatar : bienvenue dans le monde du travail du 21e siècle [1]! Certains de ces titres d’emploi vous font sourciller? C’est normal, puisque nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle qui transformera en profondeur le monde du travail tel qu’on le connait.
 
Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial, fut l’un des premiers à utiliser l'expression « Quatrième révolution industrielle » [2]. Dans le cadre de cette révolution, des découvertes technologiques et scientifiques continueront de voir le jour, mais à un rythme exponentiel comparativement aux décennies précédentes. Les connaissances dans les disciplines médicales, biologiques et des technologies de l'information et des communications seront également mises en commun afin d’élargir encore davantage le champ des possibles. Ce qui nous ramène au titre de cet article : Comment s’orienter sans savoir de quoi sera fait le monde du travail de demain?
 
En tant que conseillère d’orientation, cette question m’est fréquemment posée. Voici deux conseils que je donne habituellement à mes clients.

 
1 ) Bien se connaitre et clarifier son identité

L’identité, c’est l’ensemble des caractéristiques qui font que vous êtes vous et grâce auxquelles on est aisément capable de vous distinguer des membres de votre famille, de vos collègues ou de vos ami(e)s. Elle comprend :
  • Vos traits de personnalité;
  • Vos préférences et intérêts ;
  • Vos valeurs (ce que vous considérez comme important et qui guide vos actions);
  • Vos forces et aptitudes.
Ce dernier aspect peut constituer un point de départ afin de définir son identité professionnelle. La personne indécise peut se demander :
Quelles sont les activités dans lesquelles je m’estime compétent(e)?

Petit conseil pour mieux répondre à cette question : Essayez de ne pas vous comparer aux autres et tentez plutôt d’évaluer vos forces relatives.  Par exemple : Je sais que j’ai beaucoup plus de facilité à traduire mes pensées en mots et à offrir une écoute empathique et bienveillante aux individus, mais beaucoup moins de succès lorsqu’il faut lire un devis technique ou résoudre un problème informatique!
 
Et les intérêts dans tout ça?
 
Eh bien, selon les théories sociales cognitives en orientation, le sentiment de compétence est directement relié au développement des intérêts professionnels [3]. Lorsque nous sommes bons, doués et habiles dans un domaine, nous sommes plus enclins à vivre des expériences de réussite et à recevoir des compliments, de la reconnaissance. L’être humain étant naturellement porté à répéter les expériences plaisantes et à éviter les expériences douloureuses ou négatives, la personne qui possède des aptitudes dans un domaine et qui en retire succès et reconnaissance sera alors encouragée à répéter ses exploits. Le tout peut être illustré par le schéma suivant :


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
En résumé, nos forces et nos aptitudes nous amènent à davantage performer dans certains types d’activités, et la fierté que nous ressentons suite à ces performances contribue au développement de nos intérêts professionnels. Dans l’exemple précédent, la personne douée pour « offrir une écoute empathique et bienveillante » aux gens en détresse et qui se fait souvent dire qu’elle est « d’une grande aide » ou « de bon conseil » pourra se sentir valorisée et décider d’explorer des emplois qui exigent de telles habiletés relationnelles : l’enseignement, la relation d’aide, les soins de santé, etc.
 
C’est ce que j’appelle « trouver son terrain de jeu ». La question à se poser ici est :
Dans quel(s) métiers l’ensemble de mes traits de personnalité, de mes aptitudes et de mes intérêts est-il davantage recherché et valorisé?

Pour réaliser un tour d’horizon des différents secteurs d’activités professionnelles et tenter de trouver votre ou vos « terrains de jeu », vous pouvez explorer plusieurs sites d’information scolaire et professionnelle, comme la section Métiers et professions de ce site.
 
 

2) Obtenir une première formation qualifiante et demeurer à l’affut des offres de formation continue

Ça y est? Vous avez pris le temps d’explorer et de faire des liens entre votre identité et les caractéristiques de différents corps d’emploi?
 
Vous avez trouvé quelques professions qui font appel à vos forces, suscitent votre intérêt et correspondent à vos valeurs et à vos attentes en termes de salaire, d’horaire et autres conditions de travail?
 
Peut-être avez-vous même déjà ciblé quelques formations qui vous attirent plus particulièrement?
 
Pourtant, vous demeurez réticent à faire un choix définitif. La question qui vous taraude : Dans ce monde du travail en plein bouleversement, si des formations novatrices devaient voir le jour dans les prochaines années, aurais-je manqué ma chance de me lancer dans ces nouvelles avenues prometteuses?
 
À cela, je réponds qu’il n’y a pas que les travailleurs qui doivent s’adapter à ce monde du travail en constant changement. Les entreprises et les établissements d’enseignement aussi! Ainsi, il existe désormais toutes sortes de formations d’appoint et de possibilités de perfectionnement (en entreprise, en formation à distance, etc.) pour les travailleurs qui veulent évoluer dans leur domaine d’expertise et accéder à de nouveaux emplois. L’important est de commencer par aller chercher une première formation qualifiante (un premier diplôme, certificat ou attestation) dans le secteur qui vous plait et vous convient, en sachant que tout n’est pas fixe et définitif. Vous aurez l’occasion de vous former et de vous perfectionner tout au long de votre vie, en fonction des opportunités qui se présenteront à vous et que vous voudrez saisir.
 
C’est le cas de ce jeune homme qui a obtenu un diplôme d’études collégiales en technologie de la géomatique-cartographie parce qu’il s’intéresse à l’électronique et à l’informatique, et qui a ensuite accepté l’offre de son employeur de suivre un perfectionnement en conduite de drones pour intégrer ce nouvel outil à sa pratique. Jamais au départ il n’avait imaginé exercer ce métier d’avenir qu’est la conduite de drones, mais en saisissant cette offre de perfectionnement, il a pu se spécialiser dans un rôle et exercer de nouvelles fonctions qui le passionnent. 


De nos jours, s’orienter est un processus qui s’échelonne tout au long de la vie!

Tel que souligné au début de cet article, le 21e siècle sera caractérisé par un développement rapide des technologies de pointe qui aura pour effet de propulser les pays industrialisés dans une économie de la connaissance
Comme le soulignent les auteurs du livre Le bilan de compétences : regards croisés entre la théorie et la pratique (Septembre éditeur), dans le cadre de cette économie de la connaissance, « les personnes auront à faire plusieurs aller-retours entre le travail et les formations [...][afin] d’acquérir les connaissances nécessaires à l’actualisation de [leurs] compétences » [4].
 
Si l’un ou plusieurs de ces exercices vous sont difficiles, il peut être souhaitable de consulter un conseiller d’orientation qui saura vous guider dans cette découverte de vous-même. Vous pourrez trouver un conseiller dans votre région en consultant le site de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec.
 

Références

[1] Gagnon, J-L. (2018, 17 aout). 20 métiers du futur. MSN. https://www.msn.com/fr-ca/actualites/photos/20-m%C3%A9tiers-du-futur/ss-BBM2bEh#image=7
 
[2] Schwab, K. (2016, Jan 14). The Fourth Industrial Revolution: What it means, how to respond. World Economic Forum. https://www.weforum.org/agenda/2016/01/the-fourth-industrial-revolution-what-it-means-and-how-to-respond/
 
[3] Lent, R.W. (2008). Une conception sociale cognitive de l’orientation scolaire et professionnelle : considérations théoriques et pratiques. L’orientation scolaire et professionnelle, 37(1). https://journals.openedition.org/osp/1597
 
[4] Beaulieu, G., Dionne, P. & Michaud, G. (2006). Le bilan de compétences : regards croisés entre la théorie et la pratique. Québec : Septembre éditeur.
 
 
Catherine Carbonneau-Bergeron est conseillère d’orientation et cumule plus d’une décennie d’expérience en counseling. Passionnée et curieuse, elle est une praticienne dévouée, mais demeure toujours attirée par le monde de la recherche et se dit enthousiaste de faire part de ses lectures et de ses découvertes sur les thèmes de l’éducation, de l’emploi et du mieux-être.